jeudi 6 novembre 2008

Bagnolet vue par Martine

Martine, Paris 11ème

La banlieue nord pour moi ce sont les théâtres : Saint Denis, Bobigny, Pantin, Bagnolet, Montreuil. Mon préféré : La Commune à Aubervilliers : le bus vous attend à la sortie du métro, ça évoque les sorties de collégiens, les voyages.
Je ne vais jamais en banlieue la journée alors pour essayer d’avoir une vision différente, une vision tout court, je me lève tôt lors de mes ballades.

« Echangeur de Bagnolet »: je m’attendais à trouver un fourmillement de gens, une multitude de croisements, le brouhaha de moteurs, les klaxons… Tout est calme et je ne vois presque personne.
Je remonte vers le centre. Rue des Camélias : deux tours cylindriques se détachent dans le ciel, une maison blanche ressort de la nuit et un grand père se balade sur sa façade, mon premier Bagnoletais ! Je prends mon temps, je voudrais voir sur cette photo l’émotion que j’ai eue à la seconde où je suis arrivée. A la fin de cette première séance je vais saluer le patient grand père qui, après m’avoir fait la bise, tente de m’embrasser sur la bouche, décidemment tout le monde recherche l’émotion matinale !

Le jour se lève vite, je croise une jeune femme pimpante qui ne risque rien sous son lampadaire : caressée par la nuit elle attend le jour…

Je reviens vers le métro Gallieni.
Cet endroit est incroyable, tout en hauteurs, courbes et perspectives. Je regarde le jour se lever à Bagnolet. Bien que cette image soit définitivement urbaine elle reflète la douceur et le calme de cet endroit à cette heure matinale.
Lorsque je reviens le lendemain matin je décide de m’attaquer aux Mercuriales.
La mission que Julia m’avait donnée était simple : Tenter d’y monter le plus haut possible pour avoir une vue panoramique de Paris et sa Banlieue Nord, mais après avoir tourné pendant une heure, je n’ai jamais accédé à l’entrée.

J’apprends que la ville de Bagnolet comprend 6 quartiers. Il me faudrait beaucoup plus de temps pour les différencier mais déjà à deux rues d’écarts j’ai l’impression d’avoir parcouru des kilomètres.
Plus tard je découvre un troisième quartier, plus résidentiel, plus coquet !

De retour vers le centre, près de la mairie, je prends quelques photos d’un coin de rue taguée, un Bagnoletais curieux et inquiet m’interpelle, il croit que je travaille pour la mairie et pense qu’on veut « rafraichir » cette façade, une fois rassuré il m’escorte dans le quartier pour me montrer ses tags préférés.

Retour vers le métro et plongée dans la gare routière, souterraine, presque invisible. C’est une sorte de no man’s land. Les gens qui sont là ne semblent pas réellement attendre. A l’heure où les bus et les métros sont pleins, ce lieu est calme, hors du temps, de la ville. La cafeteria est une suite de machines, pas de comptoir, quelques tables rondes et hautes, le carrelage blanc, je ressors vite à l’air libre.

L’ancien et le moderne se côtoient en permanence dans cette ville. Je regarde un bâtiment ancien et il jaillit du toit le haut d’un immeuble de verre scintillant au soleil, je me balade dans un parc et deux tours cylindriques surgissent d’un marronnier. Je regarde la médiathèque, de face, je vois un immeuble froid et moderne et lorsque je la contourne j’ai une heureuse surprise.
Je ne quitterai pas cette ville sans évoquer la fierté de la rentrée : Les Frères Guenot, Steeve et Christophe médaillés à Pékin cet été! Une affiche immense flotte sur la façade de la mairie et on les retrouve sur quelques vitrines du centre ville.

Je ne me sens pas vraiment dépaysée. Je vis dans l’Est Parisien et les contrastes sont tout aussi forts. Bagnolet semble assez protégé, privilégié, beaucoup de gens continuent d’ailleurs à l’appeler « Le Village Bagnolet ».
Cette dernière photo illustre assez bien la sensation qu’il m’en reste: une banlieue à taille humaine !
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Martine Coste

mardi 4 novembre 2008

Montreuil vue par Nambona

Nambona, Paris 19ème

J’habite Rue Petit dans le XIXème arrondissement, après avoir vécu Quai de la Marne. Depuis six ans que je suis à Paris, j’ai vu mon quartier changer de paysage et de population, devenir plus propre et beaucoup plus bourgeois.
Habiter près des Buttes-Chaumont et du canal de l’Ourcq, c’est déjà une bouffée d’air dans Paris, mais cela ne me suffit pas : il faut que je m’échappe en banlieue de temps à autre pour me balader.
Je connaissais peu Montreuil, j’y allais toujours pour des choses bien précises : faire des courses, voir des amis, surtout lorsque j’habitais à Saint-Mandé. J’ai aussi voulu y vivre à un moment donné mais comme je ne connaissais pas cette ville, j’ai renoncé assez vite. L'exercice photographique n'a pas été simple pour quelqu'un qui n'a pas pris l'habitude de se servir de son appareil, même en vacances. Mais après quelques jours, je l'avais naturellement en main et je ne pensais plus qu'à ce qui m'entourait. 

Ma ballade a donc commencé le 16 septembre à Croix de Chavaux, dans la petite rue Gallieni, ensoleillée et aérée. C’est ce que j’aime en banlieue, l’espace, l’air et la verdure. Un cirque faisait sa promo dans la rue... Le cirque me fait tout de suite penser au 93, à Saint-Denis avec l’Académie Fratellini... L’épicentre de ma promenade photo devait être la Rue de Paris, commerçante, vivante et populaire. Je n’ai pu m’empêcher de m’en éloigner car je voulais voir un autre Montreuil, celui qui ressemble moins à d’autres rues du nord-est parisien (la Rue du Faubourg du Temple, le Boulevard de la Chapelle vers Barbès)… je ne peux pas m’empêcher de comparer à Paris !
J’ai continué de la Croix de Chavaux vers la Rue Bobillot avec La boîte d’accordéon et la Rue Girard et ses immeubles de 2 ou 3 étages. Pendant la semaine, j’ai fait des allers-retours Rue de Paris et autour pour capturer cette ambiance montreuilloise, changeante d’une rue à l’autre. 

Ce que j’aime à Montreuil, c’est ce lien que l’on garde entre le passé et l’avenir : des friches industrielles situées en plein centre au Nouveau Théâtre de Montreuil, du conservatoire aux puces de la Porte de Montreuil, des murs à pêches à la brasserie Boudouche. Avant, pour moi, Montreuil, c’était un autre arrondissement parisien. Au travers de quelques rencontres, j’ai découvert cet aspect francilien de Montreuil : ce n’est pas un prolongement de Paris, c’est une ville à part entière où on travaille, on vit, on s’amuse, on fait du sport, on se cultive. Maintenant, je sais que j'irai plus souvent à Montreuil !

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Album Nambona


Nambona Yanguere

mardi 28 octobre 2008

Pantin vue par Florence

Florence, Paris 1er

Je connais très bien la banlieue nord de Paris car j'ai vécu toute mon enfance à Tremblay-en-France. J’ai été scolarisée au lycée de Villepinte et j'ai également vécu pendant deux ans dans la caserne du fort de la Briche de Saint Denis ! Je me sens pourtant parisienne dans l'âme. Je suis vraiment amoureuse de Paris, je m’y sens chez moi et j'ai beau arpenter ses rues de long en large, je la découvre toujours. Et puis Paris, c’est l’Art, l’Histoire, la Fête, c’est vraiment une aventure sans fin.

A l’idée d’aller découvrir Pantin que je ne connaissais pas, plusieurs sentiments se bousculaient en moi, entre appréhension et curiosité. C'était comme un départ en voyage dans un pays inconnu dont on n’a pas choisi soi-même la destination...

Je suis donc arrivée en RER à la gare de Pantin et je suis descendue vers le canal, guidée par les fumées qui s'échappaient de la blanchisserie Elis, rue du Général Compans. Là, je suis tombée sur les blanchisseuses qui prenaient leur pause, assises sur le bord du trottoir. Je leur ai demandé si je pouvais les prendre en photo. Elles étaient contentes bien qu’un peu surprises de ma demande et voulaient d’abord se recoiffer...

Arrivée au bord du canal, j’ai découvert les moulins de Pantin qui sont en pleine réhabilitation, avec une kyrielle d’ouvriers en casques, de grues, de camions, tout un monde ouvrier que j’ai adoré photographier…

Après j’ai continué à marcher le long du canal jusqu’à la mairie. Et puis j’ai quitté le bord du canal pour m’enfoncer un peu dans la ville jusqu’à son marché et sa vieille église…
Ce « voyage » à Pantin m'a permis de rencontrer un viking dans son bar, des ouvriers souriants sous leurs casques, des blanchisseuses coquettes… Je suis allée avec plaisir à la rencontre des uns et des autres et je suis heureuse d’avoir pu mettre en images ce Pantin d’aujourd’hui : une partie de la ville est en plein chantier et je suis sûre que dans quelques mois, son visage aura encore changé.
J'ai vécu une très belle expérience, une leçon de vie en quelque sorte. Avec l'appareil photo, j'avais une bonne excuse pour aller vers les gens, échanger quelques mots ou un sourire. On découvre aussi la ville d'un autre oeil, je dirais même qu'on la regarde enfin.

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Florence Vahl



samedi 25 octobre 2008

Rue du faubourg Saint-Denis vue par Adeline


Adeline, Eaubonne

J'habite à Eaubonne dans le Val d'Oise, dans un quartier assez monotone que l'on pourrait appeler "résidence dortoir". En effet, on sent que les gens vivent ici pour se reposer loin de l'agitation parisienne. Le paysage y est assez gris, quelques tours dont la Tour C où j'habite. De ma chambre, j’ai une vue imprenable sur le centre commercial d’Eaubonne... Mais je vois aussi Paris et le fameux girophare de la Tour Eiffel quand il commence à faire nuit. La seule chose qui me relie à cette ville est ma famille, et quelques amis qui habitent aux alentours. En quelque sorte, on pourrait dire que je n'ai pas choisi cette ville, c'est elle qui m'a choisie. D'ailleurs pour l'anecdote, mes parents ont décidé de vivre dans cette ville sur un coup de tête : les yeux fermés, ils ont pointé du doigt au hasard sur la carte d'Ile de France. C’est comme ça qu’ils se sont retrouvés à Eaubonne…
Essayant d'échapper au sort d'Eaubonne, je vais régulièrement sur Paris, dans le 18 ème : Montmartre, Barbès, Château Rouge. J'aime bien flâner dans les rues de cet arrondissement très métissé. Je suis aussi souvent entre Châtelet et Beaubourg pour faire les boutiques de bijoux, de fripes et me rendre à la Bibliothèque publique d’information (BPI) pour y travailler mes cours. J’aime aussi aller à St Michel pour ses cinémas d'art et d'essai, sa fontaine au mille et un rendez-vous et ses fameux grecs. Dès que les beaux jours arrivent, on se retrouve souvent avec des amis au Parc de La Villette. Le quartier vers le métro Quai de la Râpée est aussi un endroit qui me plaît beaucoup. Sur les quais, l'ambiance y est conviviale : les éternels joueurs de pétanques redonnent un p'tit côté estival à Paris. Métro Quai de la Râpée, c’est un prolongement des vacances...
Bon ! Je pense que tout le monde aura compris que la grande différence entre Eaubonne et Paris, se résume en un mot : La vie. Paris est aussi pour moi le haut lieu de la culture, de l'éclectisme, et des rencontres toujours inattendues.
Pour ma "mission" photographique, je devais me rendre rue du faubourg Saint Denis... Je suis donc arrivée à la station Strasbourg St Denis et à la sortie du métro, l'aventure a commencé... Le premier jour, je ne voulais pas vraiment faire de photos, je voulais plutôt essayer de faire partie de ce monde à cent à l'heure et aux mille odeurs.
En allant au Passage Brady, je suis entrée dans un magasin d'alimentation et de vêtements indiens où j'ai rencontré Thomas Baas avec qui j'ai discuté et bu un verre en parlant du quartier. Sur la photo que j’ai faite de lui dans l’épicerie, croyant peut-être gâcher mon cadre, il se pousse, gêné. Je garde cette photo comme un petit hommage à ma première rencontre avec un habitant du 10 ème.
J'aime beaucoup ce quartier pour son mouvement incessant et son côté populaire. Mais je dois quand même avouer une chose : je me suis fait arrêter dans mes élans photographiques plus d’une fois. C'était comme un 400 mètres haies : avec plusieurs haies qui tombent, les jambes ont parfois du mal à reprendre du terrain. Ce refus des gens à se laisser prendre en photo a parfois remis en cause pour moi la possibilité de faire de la photographie humaniste au 21ème siècle ! Etait-il encore possible (sans prétention) de continuer dans la lignée de Doisneau, Ronis ou Boubat ?
Heureusement de belles rencontres m'ont été offertes... Léonard du bar PMU " A la ville d'Esbly", les deux potes indiens en dessous de l'arche et le personnel du "Petit Quinquin", avec un patron kabyle en or qui a gardé le nom chti du café et qui cuisine de délicieux couscous!

Avant de participer à « Diverses cités », je croyais que la photo était simple et facile. Là, j'ai découvert un art de la patience, de l'esthétique et de la "chance".
Regarder la ville à travers un viseur, la rue, les gens, les couleurs, tout nous parle et ça fait du bien. On voit la ville différemment, on prend le temps de la découvrir, de la savourer, on n'est plus un simple passant qui court vite vers la prochaine station de métro. Ce projet est comme un espoir du quotidien et un remède contre la routine : peut être que les habitants du 10ème, de Pantin, de Drancy et d'autres quartiers du bitume se rendront compte que les rues où ils passent chaque jour et les gens qu’ils y croisent, méritent plus d'attention. La vie, la ville, les rencontres et les sourires sont à attraper à chaque coin de rue!
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Adeline Sureau

mardi 14 octobre 2008

Bobigny vue par Ludovic

Ludovic, Paris 20ème

Je vis à Paris, dans un quartier très populaire, Ménilmontant. Je ne suis pas né à Paris, n'y suis arrivé qu'à 25 ans, après avoir « longtemps » rêvé de devenir parisien. Enfin, je me trouvais au centre du monde, dans la plus belle ville du monde. Et très vite, j'ai développé cette qualité très provinciale qu'est le snobisme parisien. Jamais je ne me rendais dans certains quartiers, réputés trop ceci ou trop cela, et jamais, non surtout jamais, je ne passais le périphérique, frontière définie de la banlieue, de ceux qui étaient mis an ban et qui ne « méritaient » pas ma qualité, le privilège d'être parisien. 

Puis le temps a passé, la précarité est arrivée, aux gens de mon quartier je me suis de plus en plus identifié. Je reste depuis indécrottablement de et à Ménilmontant. Je reconnais volontiers que je suis devenu un peu casanier. Bien sûr, je vais régulièrement « dans Paris », mais c'est davantage par obligation, pour mes activités, parce que sortir du quartier, c'est aller ailleurs, dans une autre ville plutôt que dans la ville. Les différences que l'on peut ressentir ailleurs, n'enrichissent pas toujours. C'est ce qui me surprend le plus, je crois, le sentiment de ne pas habiter la même ville, en traversant Montorgueil, Saint-Germain ou même François Mitterand. Se promener au Trocadéro, traverser la place Victor Hugo, quitter la Maison de la Radio, visiter le Quai Branly, puis retrouver Ménilmontant, il faut se convaincre que nous partageons la même cité.
Je me rends compte aujourd’hui que j'ai un réel sentiment d'appartenance à mon quartier, bien que je préférerais parfois que ce soit lui qui m'appartienne un peu plus. « Tu es d'où ? - De Ménil' ! - Ah.... ». Et tout est dit. En Province, je dis plutôt que je suis de Paris, la précision de Ménilmontant peut venir après, si cela intéresse celui qui veut savoir. Quant à l'étranger, je dis simplement que je suis de Paris, et cela fait rêver.
Mais de l’autre côté du périphérique, je ne voulais toujours rien savoir…

Puis Julia Cordonnier est arrivée. Moi, je venais parader avec mon appareil semi-pro, plusieurs cailloux, et Julia a désigné un f4.5-5.6/28-105 mm, en me disant « J'aimerais que tu utilises cette optique-là. - Mais c'est la plus pourrie !?! - Peut-être, mais c'est celle qui offre la plus grande amplitude ! » Décidément, cette fille avait décidé d'élargir mon horizon.

Par exemple à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, le mythique « 9-3 ». C’est là que Julia me proposait d’aller jouer le reporter, après avoir considéré ce satané périph’ comme une simple voie d’accès. Avant de commencer, se mêlaient en moi appréhension et curiosité. De l’autre côté de la couronne, un monde quasi inconnu, jusque-là essentiellement relayé par quelques poncifs et la télé-irréalité. Ma première question, qui se voulait drôle, mais marquait une certaine idée de la banlieue, fut de savoir si en plus des appareils, on nous avait prévu des gardes du corps. Habituellement, pour moi, la banlieue, c’est la traverser sans la regarder, sans s’y arrêter. Bobigny, Aubervilliers ou Saint-Denis, j’y vais sans me soucier, et en repars dès que j’ai terminé. L’œilleton d’un boîtier-photo implique d’avoir un œil et d’observer, de chercher, d’être aux aguets des gens et des évènements. Parvenir à captiver un intérêt, discerner l’attrait et la beauté de Bobigny trop souvent mal qualifiée par la grisaille et la morosité.

Très vite, je me suis senti égaré, perdu dans une banlieue que je ressentais désertée au milieu de ce mois de juillet. Puis après quelques heures, quelques jours, j’ai commencé à repérer, identifier. Finalement, je me suis surpris à repartir avec une impression de luminosité et d’espace. Bobigny m’avait insufflé une sensation d’air, face à un Paris resserré, peut-être plus enfermé, cerné par ce maudit périphérique. Je flânais aux abords du canal, où j’imaginais difficilement me trouver à quelques centaines de mètres des portes de Paris. Le temps d’une station entre Picasso et Raymond Queneau, le métro devenait un vrai train de campagne, entre verdure et canal.
J’ai aimé me promener parmi les tombes qui tanguent du cimetière musulman, saisir quelques rires d’enfants en vacances dans le tramway, découvrir ce quartier hétéroclite de la Folie, ou encore celui du « Pont de Pierre », près des voies ferrées en service ou désaffectées où je me suis amusé à m’aventurer. Je crois que c’est l’endroit que j’ai préféré photographier. N’oublions pas l’hôpital Avicenne ou le site de l’Illustration (investi depuis par l’Université Paris 13), emblématiques de la ville de Bobigny. 
Également, les pittoresques « petits pavillons de banlieue » et les jardins ouvriers.

A force de me balader, d’errer, d’observer, de photographier, j’ai commencé à comprendre que c’est ainsi que naissent les légendes urbaines, avec la crainte de ce que l’on ne connaît pas et les préjugés qui sclérosent la curiosité. Et finalement, la banlieue, je crois maintenant que je ne sais plus tout à fait ce que c’est. Certes on n’est plus vraiment à Paris, ni déjà en province, mais on est bien quelque part dans un espace identifiable, mais peu identifié, et où il est possible, en dépit des idées reçues, d’éprouver du plaisir, du désir et surtout la volonté d’y revenir.

Au contact de ces quelques images, mais également de celles des autres participants de Diverses cités, des barrières se sont abattues, des champs de vision et de création se sont ouverts, des rencontres se sont faites. J’ai ressenti une éprouvante mais exaltante sensation de déstabilisation, doublée de la plaisante découverte de travailler au sein d’un collectif. Une expérience inédite, incroyable et inoubliable, durant laquelle j’ai un peu plus appris à partager, à lâcher prise et à laisser la lumière pénétrer.

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Ludovic Weyland

vendredi 10 octobre 2008

Saint-Denis vue par Samuel


Samuel, Paris 18ème

Je connais peu la banlieue. Pendant mes années de collège, je traversais tous les matins les villes du 93 et du 95 par le RER D mais la réalité de ces villes m'était tout à fait inconnue. Ce séjour à Saint-Denis m'a donc permis d'en découvrir un peu plus sur cette vie qui semble à la fois si proche et si lointaine de la vie parisienne.

Les photographies ont été prises dans le quartier de la Basilique à Saint-Denis. Elles sont le fruit de promenades autour de la cathédrale des rois de France, du marché couvert, du boulevard Carnot, du boulevard Félix Faure et de la place du Caquet.
La vie qui anime le quartier de la Basilique n'est pas si lointaine de la vie qui anime le quartier populaire de Barbès où j'habite. Les terrasses de café sont pleines quand le soleil se montre, des brocantes s’improvisent, de nombreux habitants du quartier se retrouvent sur le parvis de la cathédrale où des jeunes écoutent de la musique en faisant des pas de danse hip-hop.

A saint-Denis, j’ai croisé Djalo, un militant pour la cause des sans-papiers. Je l’ai rencontré lors d'une marche des sans-papiers autour de l'Hôtel de ville : un homme souriant et ouvert malgré sa situation précaire. A la sortie d’une boutique de tirage-photo, j’ai fait la connaissance de Prosper, un ancien militaire Indien qui m’a raconté son passé militaire avec nostalgie et qui a posé pour moi avec ses photographies de régiment.
Le paysage de Saint-Denis est très riche avec sa basilique imposante et lumineuse, sa longue rue piétonne, ses immeubles en terrasse, son tramway. L'expérience vécue, comme un parcours initiatique, transforme notre vision des choses. Fini les clichés… A travers le viseur de l’appareil photo, la ville nous apparaît telle qu’elle est vraiment, belle ou non, elle est là et se donne à voir.
Parmi les photos que j’ai prises, trois d’entre elles sont mes favorites pour des raisons très différentes : Tout d’abord, il y a la photo de Saint-Denis où l'on découvre dans le même panorama, la Basilique et le stade de France. En prenant cette photo, je me suis rendu compte de l'impact symbolique qu'elle véhiculait. C'est toute l'histoire de Saint-Denis qui se dévoile : la basilique nous rappelle le passé prestigieux de la ville alors que le stade de France nous dit sa modernité.
Puis il y a la photo des boîtes aux lettres, prise à l'entrée d'une cage d'escalier d’un immeuble en rénovation. Cette photo montre l'un des problèmes récurrents que l'on rencontre en région parisienne, celui des sans-papiers et des expulsions. Elle pose un regard humain sur cet état de fait.
Pour l'humour, j'apprécie la photo de cet homme qui semble fuir quelque chose devant la façade de la basilique. Mais que fuit-il? La religion ? la banlieue ? Peut-être est-il tout simplement en retard…


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Samuel Dessons

lundi 29 septembre 2008

Drancy vue par Djamel

Djamel, Paris 17ème

Je vis à Paris depuis mars 2008 dans le 17ème, près de l’arc de Triomphe. C’est un quartier bourgeois où je ne me plais pas vraiment. Les rapports avec le voisinage se limitent à « Bonjour, au revoir, merci ». J’ai habité avant à Pantin pendant trois ans et je trouve que les relations avec les gens étaient plus chaleureuses et plus simples là-bas. Les relations sont souvent superficielles à Paris. Je vais de temps à autre à Saint-Denis, Aubervilliers ou Gennevilliers pour retrouver des amis. L’image la plus forte que m’évoque la banlieue nord, c’est le stade de France et plus généralement la ville de Saint-Denis. Pour moi, Saint-Denis est un peu le laboratoire du futur de la région parisienne, entre repli sur soi et volonté de rapprochement avec sa grande voisine Paris.
Drancy est une ville que je ne connaissais pas. Par conséquent, je n'avais pas vraiment de jugement particulier la concernant. Je me suis juste dit que cela devait être une ville dortoir comme toutes celles qui ont poussé pendant les années 50-60. Une ville sans véritablement de centre, avec de grands ensembles disséminés çà et là et une population plutôt jeune et cosmopolite.
J'avais pour mission d’aller à la Cité de la Muette qui était devenue sous Vichy, un camp de concentration pour les juifs qui étaient ensuite déportés à Auschwitz. J’ai lu dans un livre d’histoire que cette cité construite dans les années trente par deux architectes d’avant-garde (Marcel Lods et Eugène Baudoin), représentait le banc d’essai de la modernité urbaine avec ces jardins et ses gratte-ciels, les premiers construits en région parisienne. Il ne reste maintenant plus que trois bâtiments. A l'entrée de la cité, il y a un monument commémoratif aux victimes des camps d’extermination nazis, érigé en 1976. Juste derrière le monument, des rails mènent à un wagon de marchandise comme ceux qui sont partis chargés d'hommes pour les camps.
Les trois bâtiments en U ont été depuis repeints en rose pastel. Au rez-de-chaussée d’un des bâtiments, se trouve une salle où sont exposées des centaines de photos d’archives témoignant de la déportation. Le contraste entre le passé violent de cette cité et son aspect calme et tranquille de maintenant m'a vraiment bouleversé. Le nom de la cité « La Muette » fait sans doute écho à mon émotion ainsi que celui de la station de tramway proche de la cité « Drancy avenir »…
A trois cents mètres de là, se trouve une sculpture pour commémorer l'abolition de l'esclavage. Il s'agit d'un couple enlassé d’anciens esclaves. L'homme lève le poing avec un morceau de chaîne cassée... J'ai trouvé cette oeuvre très optimiste et j'ai beaucoup aimé la photographier. 
J'ai découvert aussi le cimetière municipal au pied d'une grande cité de quinze étages avec une vue imprenable sur les tombes...

J'ai ensuite rejoint le Parc de Ladoucette (ex-Jacques Duclos), où j'ai rencontré de nombreuses familles qui profitaient de ce week-end ensoleillé. Du soleil et de l’air, de l’air, de l’air…

J'ai aimé photographier les boîtes électriques peintes. Disséminées dans la ville, elles lui donnent une touche de gaieté et d'originalité et ont ponctuées de couleur mes promenades.

J'ai aimé aussi photographier la statue de De Gaulle. Vue sous un certain angle, il semble faire un pas de danse : ce qui contraste singulièrement avec le personnage historique, non?
 
Je n'avais pas une grande expérience de la photographie mais j'ai remarqué que pour réussir une photo il était indispensable de regarder d'abord longtemps autour de soi, ce que je ne fais jamais d’habitude. Le fait d'attendre le temps qu'il faut pour faire la bonne photo vous oblige à rester dans la ville et vous fait devenir plus observateur. C'est aussi une invitation à l'esthétique, découvrir la beauté d'un endroit sous une certaine lumière...

Bonne visite à toutes et à tous !
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Djamel Baghezza