Adeline, Eaubonne
J'habite à Eaubonne dans le Val d'Oise, dans un quartier assez monotone que l'on pourrait appeler "résidence dortoir". En effet, on sent que les gens vivent ici pour se reposer loin de l'agitation parisienne. Le paysage y est assez gris, quelques tours dont la Tour C où j'habite. De ma chambre, j’ai une vue imprenable sur le centre commercial d’Eaubonne... Mais je vois aussi Paris et le fameux girophare de la Tour Eiffel quand il commence à faire nuit. La seule chose qui me relie à cette ville est ma famille, et quelques amis qui habitent aux alentours. En quelque sorte, on pourrait dire que je n'ai pas choisi cette ville, c'est elle qui m'a choisie. D'ailleurs pour l'anecdote, mes parents ont décidé de vivre dans cette ville sur un coup de tête : les yeux fermés, ils ont pointé du doigt au hasard sur la carte d'Ile de France. C’est comme ça qu’ils se sont retrouvés à Eaubonne…
Essayant d'échapper au sort d'Eaubonne, je vais régulièrement sur Paris, dans le 18 ème : Montmartre, Barbès, Château Rouge. J'aime bien flâner dans les rues de cet arrondissement très métissé. Je suis aussi souvent entre Châtelet et Beaubourg pour faire les boutiques de bijoux, de fripes et me rendre à la Bibliothèque publique d’information (BPI) pour y travailler mes cours. J’aime aussi aller à St Michel pour ses cinémas d'art et d'essai, sa fontaine au mille et un rendez-vous et ses fameux grecs. Dès que les beaux jours arrivent, on se retrouve souvent avec des amis au Parc de La Villette. Le quartier vers le métro Quai de la Râpée est aussi un endroit qui me plaît beaucoup. Sur les quais, l'ambiance y est conviviale : les éternels joueurs de pétanques redonnent un p'tit côté estival à Paris. Métro Quai de la Râpée, c’est un prolongement des vacances...
Bon ! Je pense que tout le monde aura compris que la grande différence entre Eaubonne et Paris, se résume en un mot : La vie. Paris est aussi pour moi le haut lieu de la culture, de l'éclectisme, et des rencontres toujours inattendues.
Pour ma "mission" photographique, je devais me rendre rue du faubourg Saint Denis... Je suis donc arrivée à la station Strasbourg St Denis et à la sortie du métro, l'aventure a commencé... Le premier jour, je ne voulais pas vraiment faire de photos, je voulais plutôt essayer de faire partie de ce monde à cent à l'heure et aux mille odeurs.
En allant au Passage Brady, je suis entrée dans un magasin d'alimentation et de vêtements indiens où j'ai rencontré Thomas Baas avec qui j'ai discuté et bu un verre en parlant du quartier. Sur la photo que j’ai faite de lui dans l’épicerie, croyant peut-être gâcher mon cadre, il se pousse, gêné. Je garde cette photo comme un petit hommage à ma première rencontre avec un habitant du 10 ème.
J'aime beaucoup ce quartier pour son mouvement incessant et son côté populaire. Mais je dois quand même avouer une chose : je me suis fait arrêter dans mes élans photographiques plus d’une fois. C'était comme un 400 mètres haies : avec plusieurs haies qui tombent, les jambes ont parfois du mal à reprendre du terrain. Ce refus des gens à se laisser prendre en photo a parfois remis en cause pour moi la possibilité de faire de la photographie humaniste au 21ème siècle ! Etait-il encore possible (sans prétention) de continuer dans la lignée de Doisneau, Ronis ou Boubat ?
Heureusement de belles rencontres m'ont été offertes... Léonard du bar PMU " A la ville d'Esbly", les deux potes indiens en dessous de l'arche et le personnel du "Petit Quinquin", avec un patron kabyle en or qui a gardé le nom chti du café et qui cuisine de délicieux couscous!
Avant de participer à « Diverses cités », je croyais que la photo était simple et facile. Là, j'ai découvert un art de la patience, de l'esthétique et de la "chance".
Regarder la ville à travers un viseur, la rue, les gens, les couleurs, tout nous parle et ça fait du bien. On voit la ville différemment, on prend le temps de la découvrir, de la savourer, on n'est plus un simple passant qui court vite vers la prochaine station de métro. Ce projet est comme un espoir du quotidien et un remède contre la routine : peut être que les habitants du 10ème, de Pantin, de Drancy et d'autres quartiers du bitume se rendront compte que les rues où ils passent chaque jour et les gens qu’ils y croisent, méritent plus d'attention. La vie, la ville, les rencontres et les sourires sont à attraper à chaque coin de rue!
Pour découvrir ma galerie-photo, cliquez sur le lien ci-dessous :
http://picasaweb.google.com/backstreetprod/RueDuFaubourgSaintDenisVuParAdeline
Adeline Sureau
1 commentaire:
Alors toi! Bravo! Tu nous auras tout fait: la comédienne, la chanteuse de la tour C, l'interviewveuse de grand-mère qui vont au cirque et maintenant la photographe!
Félicitation pour ces photos, à la fois drôles, touchantes et parfois prises avec timidité et delicatesse. Ah que d'aventures dans ce faubourg tu auras vécu!
Encore bravo pour ta détérmination à aller au bout des choses et bien sûr pour tes photos! Tu m'as bluffé!
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