mardi 28 octobre 2008

Pantin vue par Florence

Florence, Paris 1er

Je connais très bien la banlieue nord de Paris car j'ai vécu toute mon enfance à Tremblay-en-France. J’ai été scolarisée au lycée de Villepinte et j'ai également vécu pendant deux ans dans la caserne du fort de la Briche de Saint Denis ! Je me sens pourtant parisienne dans l'âme. Je suis vraiment amoureuse de Paris, je m’y sens chez moi et j'ai beau arpenter ses rues de long en large, je la découvre toujours. Et puis Paris, c’est l’Art, l’Histoire, la Fête, c’est vraiment une aventure sans fin.

A l’idée d’aller découvrir Pantin que je ne connaissais pas, plusieurs sentiments se bousculaient en moi, entre appréhension et curiosité. C'était comme un départ en voyage dans un pays inconnu dont on n’a pas choisi soi-même la destination...

Je suis donc arrivée en RER à la gare de Pantin et je suis descendue vers le canal, guidée par les fumées qui s'échappaient de la blanchisserie Elis, rue du Général Compans. Là, je suis tombée sur les blanchisseuses qui prenaient leur pause, assises sur le bord du trottoir. Je leur ai demandé si je pouvais les prendre en photo. Elles étaient contentes bien qu’un peu surprises de ma demande et voulaient d’abord se recoiffer...

Arrivée au bord du canal, j’ai découvert les moulins de Pantin qui sont en pleine réhabilitation, avec une kyrielle d’ouvriers en casques, de grues, de camions, tout un monde ouvrier que j’ai adoré photographier…

Après j’ai continué à marcher le long du canal jusqu’à la mairie. Et puis j’ai quitté le bord du canal pour m’enfoncer un peu dans la ville jusqu’à son marché et sa vieille église…
Ce « voyage » à Pantin m'a permis de rencontrer un viking dans son bar, des ouvriers souriants sous leurs casques, des blanchisseuses coquettes… Je suis allée avec plaisir à la rencontre des uns et des autres et je suis heureuse d’avoir pu mettre en images ce Pantin d’aujourd’hui : une partie de la ville est en plein chantier et je suis sûre que dans quelques mois, son visage aura encore changé.
J'ai vécu une très belle expérience, une leçon de vie en quelque sorte. Avec l'appareil photo, j'avais une bonne excuse pour aller vers les gens, échanger quelques mots ou un sourire. On découvre aussi la ville d'un autre oeil, je dirais même qu'on la regarde enfin.

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http://picasaweb.google.com/backstreetprod/PantinVueParFlorence

Florence Vahl



samedi 25 octobre 2008

Rue du faubourg Saint-Denis vue par Adeline


Adeline, Eaubonne

J'habite à Eaubonne dans le Val d'Oise, dans un quartier assez monotone que l'on pourrait appeler "résidence dortoir". En effet, on sent que les gens vivent ici pour se reposer loin de l'agitation parisienne. Le paysage y est assez gris, quelques tours dont la Tour C où j'habite. De ma chambre, j’ai une vue imprenable sur le centre commercial d’Eaubonne... Mais je vois aussi Paris et le fameux girophare de la Tour Eiffel quand il commence à faire nuit. La seule chose qui me relie à cette ville est ma famille, et quelques amis qui habitent aux alentours. En quelque sorte, on pourrait dire que je n'ai pas choisi cette ville, c'est elle qui m'a choisie. D'ailleurs pour l'anecdote, mes parents ont décidé de vivre dans cette ville sur un coup de tête : les yeux fermés, ils ont pointé du doigt au hasard sur la carte d'Ile de France. C’est comme ça qu’ils se sont retrouvés à Eaubonne…
Essayant d'échapper au sort d'Eaubonne, je vais régulièrement sur Paris, dans le 18 ème : Montmartre, Barbès, Château Rouge. J'aime bien flâner dans les rues de cet arrondissement très métissé. Je suis aussi souvent entre Châtelet et Beaubourg pour faire les boutiques de bijoux, de fripes et me rendre à la Bibliothèque publique d’information (BPI) pour y travailler mes cours. J’aime aussi aller à St Michel pour ses cinémas d'art et d'essai, sa fontaine au mille et un rendez-vous et ses fameux grecs. Dès que les beaux jours arrivent, on se retrouve souvent avec des amis au Parc de La Villette. Le quartier vers le métro Quai de la Râpée est aussi un endroit qui me plaît beaucoup. Sur les quais, l'ambiance y est conviviale : les éternels joueurs de pétanques redonnent un p'tit côté estival à Paris. Métro Quai de la Râpée, c’est un prolongement des vacances...
Bon ! Je pense que tout le monde aura compris que la grande différence entre Eaubonne et Paris, se résume en un mot : La vie. Paris est aussi pour moi le haut lieu de la culture, de l'éclectisme, et des rencontres toujours inattendues.
Pour ma "mission" photographique, je devais me rendre rue du faubourg Saint Denis... Je suis donc arrivée à la station Strasbourg St Denis et à la sortie du métro, l'aventure a commencé... Le premier jour, je ne voulais pas vraiment faire de photos, je voulais plutôt essayer de faire partie de ce monde à cent à l'heure et aux mille odeurs.
En allant au Passage Brady, je suis entrée dans un magasin d'alimentation et de vêtements indiens où j'ai rencontré Thomas Baas avec qui j'ai discuté et bu un verre en parlant du quartier. Sur la photo que j’ai faite de lui dans l’épicerie, croyant peut-être gâcher mon cadre, il se pousse, gêné. Je garde cette photo comme un petit hommage à ma première rencontre avec un habitant du 10 ème.
J'aime beaucoup ce quartier pour son mouvement incessant et son côté populaire. Mais je dois quand même avouer une chose : je me suis fait arrêter dans mes élans photographiques plus d’une fois. C'était comme un 400 mètres haies : avec plusieurs haies qui tombent, les jambes ont parfois du mal à reprendre du terrain. Ce refus des gens à se laisser prendre en photo a parfois remis en cause pour moi la possibilité de faire de la photographie humaniste au 21ème siècle ! Etait-il encore possible (sans prétention) de continuer dans la lignée de Doisneau, Ronis ou Boubat ?
Heureusement de belles rencontres m'ont été offertes... Léonard du bar PMU " A la ville d'Esbly", les deux potes indiens en dessous de l'arche et le personnel du "Petit Quinquin", avec un patron kabyle en or qui a gardé le nom chti du café et qui cuisine de délicieux couscous!

Avant de participer à « Diverses cités », je croyais que la photo était simple et facile. Là, j'ai découvert un art de la patience, de l'esthétique et de la "chance".
Regarder la ville à travers un viseur, la rue, les gens, les couleurs, tout nous parle et ça fait du bien. On voit la ville différemment, on prend le temps de la découvrir, de la savourer, on n'est plus un simple passant qui court vite vers la prochaine station de métro. Ce projet est comme un espoir du quotidien et un remède contre la routine : peut être que les habitants du 10ème, de Pantin, de Drancy et d'autres quartiers du bitume se rendront compte que les rues où ils passent chaque jour et les gens qu’ils y croisent, méritent plus d'attention. La vie, la ville, les rencontres et les sourires sont à attraper à chaque coin de rue!
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Adeline Sureau

mardi 14 octobre 2008

Bobigny vue par Ludovic

Ludovic, Paris 20ème

Je vis à Paris, dans un quartier très populaire, Ménilmontant. Je ne suis pas né à Paris, n'y suis arrivé qu'à 25 ans, après avoir « longtemps » rêvé de devenir parisien. Enfin, je me trouvais au centre du monde, dans la plus belle ville du monde. Et très vite, j'ai développé cette qualité très provinciale qu'est le snobisme parisien. Jamais je ne me rendais dans certains quartiers, réputés trop ceci ou trop cela, et jamais, non surtout jamais, je ne passais le périphérique, frontière définie de la banlieue, de ceux qui étaient mis an ban et qui ne « méritaient » pas ma qualité, le privilège d'être parisien. 

Puis le temps a passé, la précarité est arrivée, aux gens de mon quartier je me suis de plus en plus identifié. Je reste depuis indécrottablement de et à Ménilmontant. Je reconnais volontiers que je suis devenu un peu casanier. Bien sûr, je vais régulièrement « dans Paris », mais c'est davantage par obligation, pour mes activités, parce que sortir du quartier, c'est aller ailleurs, dans une autre ville plutôt que dans la ville. Les différences que l'on peut ressentir ailleurs, n'enrichissent pas toujours. C'est ce qui me surprend le plus, je crois, le sentiment de ne pas habiter la même ville, en traversant Montorgueil, Saint-Germain ou même François Mitterand. Se promener au Trocadéro, traverser la place Victor Hugo, quitter la Maison de la Radio, visiter le Quai Branly, puis retrouver Ménilmontant, il faut se convaincre que nous partageons la même cité.
Je me rends compte aujourd’hui que j'ai un réel sentiment d'appartenance à mon quartier, bien que je préférerais parfois que ce soit lui qui m'appartienne un peu plus. « Tu es d'où ? - De Ménil' ! - Ah.... ». Et tout est dit. En Province, je dis plutôt que je suis de Paris, la précision de Ménilmontant peut venir après, si cela intéresse celui qui veut savoir. Quant à l'étranger, je dis simplement que je suis de Paris, et cela fait rêver.
Mais de l’autre côté du périphérique, je ne voulais toujours rien savoir…

Puis Julia Cordonnier est arrivée. Moi, je venais parader avec mon appareil semi-pro, plusieurs cailloux, et Julia a désigné un f4.5-5.6/28-105 mm, en me disant « J'aimerais que tu utilises cette optique-là. - Mais c'est la plus pourrie !?! - Peut-être, mais c'est celle qui offre la plus grande amplitude ! » Décidément, cette fille avait décidé d'élargir mon horizon.

Par exemple à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, le mythique « 9-3 ». C’est là que Julia me proposait d’aller jouer le reporter, après avoir considéré ce satané périph’ comme une simple voie d’accès. Avant de commencer, se mêlaient en moi appréhension et curiosité. De l’autre côté de la couronne, un monde quasi inconnu, jusque-là essentiellement relayé par quelques poncifs et la télé-irréalité. Ma première question, qui se voulait drôle, mais marquait une certaine idée de la banlieue, fut de savoir si en plus des appareils, on nous avait prévu des gardes du corps. Habituellement, pour moi, la banlieue, c’est la traverser sans la regarder, sans s’y arrêter. Bobigny, Aubervilliers ou Saint-Denis, j’y vais sans me soucier, et en repars dès que j’ai terminé. L’œilleton d’un boîtier-photo implique d’avoir un œil et d’observer, de chercher, d’être aux aguets des gens et des évènements. Parvenir à captiver un intérêt, discerner l’attrait et la beauté de Bobigny trop souvent mal qualifiée par la grisaille et la morosité.

Très vite, je me suis senti égaré, perdu dans une banlieue que je ressentais désertée au milieu de ce mois de juillet. Puis après quelques heures, quelques jours, j’ai commencé à repérer, identifier. Finalement, je me suis surpris à repartir avec une impression de luminosité et d’espace. Bobigny m’avait insufflé une sensation d’air, face à un Paris resserré, peut-être plus enfermé, cerné par ce maudit périphérique. Je flânais aux abords du canal, où j’imaginais difficilement me trouver à quelques centaines de mètres des portes de Paris. Le temps d’une station entre Picasso et Raymond Queneau, le métro devenait un vrai train de campagne, entre verdure et canal.
J’ai aimé me promener parmi les tombes qui tanguent du cimetière musulman, saisir quelques rires d’enfants en vacances dans le tramway, découvrir ce quartier hétéroclite de la Folie, ou encore celui du « Pont de Pierre », près des voies ferrées en service ou désaffectées où je me suis amusé à m’aventurer. Je crois que c’est l’endroit que j’ai préféré photographier. N’oublions pas l’hôpital Avicenne ou le site de l’Illustration (investi depuis par l’Université Paris 13), emblématiques de la ville de Bobigny. 
Également, les pittoresques « petits pavillons de banlieue » et les jardins ouvriers.

A force de me balader, d’errer, d’observer, de photographier, j’ai commencé à comprendre que c’est ainsi que naissent les légendes urbaines, avec la crainte de ce que l’on ne connaît pas et les préjugés qui sclérosent la curiosité. Et finalement, la banlieue, je crois maintenant que je ne sais plus tout à fait ce que c’est. Certes on n’est plus vraiment à Paris, ni déjà en province, mais on est bien quelque part dans un espace identifiable, mais peu identifié, et où il est possible, en dépit des idées reçues, d’éprouver du plaisir, du désir et surtout la volonté d’y revenir.

Au contact de ces quelques images, mais également de celles des autres participants de Diverses cités, des barrières se sont abattues, des champs de vision et de création se sont ouverts, des rencontres se sont faites. J’ai ressenti une éprouvante mais exaltante sensation de déstabilisation, doublée de la plaisante découverte de travailler au sein d’un collectif. Une expérience inédite, incroyable et inoubliable, durant laquelle j’ai un peu plus appris à partager, à lâcher prise et à laisser la lumière pénétrer.

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Ludovic Weyland

vendredi 10 octobre 2008

Saint-Denis vue par Samuel


Samuel, Paris 18ème

Je connais peu la banlieue. Pendant mes années de collège, je traversais tous les matins les villes du 93 et du 95 par le RER D mais la réalité de ces villes m'était tout à fait inconnue. Ce séjour à Saint-Denis m'a donc permis d'en découvrir un peu plus sur cette vie qui semble à la fois si proche et si lointaine de la vie parisienne.

Les photographies ont été prises dans le quartier de la Basilique à Saint-Denis. Elles sont le fruit de promenades autour de la cathédrale des rois de France, du marché couvert, du boulevard Carnot, du boulevard Félix Faure et de la place du Caquet.
La vie qui anime le quartier de la Basilique n'est pas si lointaine de la vie qui anime le quartier populaire de Barbès où j'habite. Les terrasses de café sont pleines quand le soleil se montre, des brocantes s’improvisent, de nombreux habitants du quartier se retrouvent sur le parvis de la cathédrale où des jeunes écoutent de la musique en faisant des pas de danse hip-hop.

A saint-Denis, j’ai croisé Djalo, un militant pour la cause des sans-papiers. Je l’ai rencontré lors d'une marche des sans-papiers autour de l'Hôtel de ville : un homme souriant et ouvert malgré sa situation précaire. A la sortie d’une boutique de tirage-photo, j’ai fait la connaissance de Prosper, un ancien militaire Indien qui m’a raconté son passé militaire avec nostalgie et qui a posé pour moi avec ses photographies de régiment.
Le paysage de Saint-Denis est très riche avec sa basilique imposante et lumineuse, sa longue rue piétonne, ses immeubles en terrasse, son tramway. L'expérience vécue, comme un parcours initiatique, transforme notre vision des choses. Fini les clichés… A travers le viseur de l’appareil photo, la ville nous apparaît telle qu’elle est vraiment, belle ou non, elle est là et se donne à voir.
Parmi les photos que j’ai prises, trois d’entre elles sont mes favorites pour des raisons très différentes : Tout d’abord, il y a la photo de Saint-Denis où l'on découvre dans le même panorama, la Basilique et le stade de France. En prenant cette photo, je me suis rendu compte de l'impact symbolique qu'elle véhiculait. C'est toute l'histoire de Saint-Denis qui se dévoile : la basilique nous rappelle le passé prestigieux de la ville alors que le stade de France nous dit sa modernité.
Puis il y a la photo des boîtes aux lettres, prise à l'entrée d'une cage d'escalier d’un immeuble en rénovation. Cette photo montre l'un des problèmes récurrents que l'on rencontre en région parisienne, celui des sans-papiers et des expulsions. Elle pose un regard humain sur cet état de fait.
Pour l'humour, j'apprécie la photo de cet homme qui semble fuir quelque chose devant la façade de la basilique. Mais que fuit-il? La religion ? la banlieue ? Peut-être est-il tout simplement en retard…


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Samuel Dessons