


DIVERSES CITÉS : Échanges de regard sur la métropole parisienne par de jeunes franciliens




Il avait sorti un peigne juste avant pour se recoiffer, très fier. Il m’a dit que la ville avait changé sans m’en dire plus que ça. Peut-être qu’il voulait dire : maintenant, il y a ces cités qui sortent de la terre comme des fleurs. C’est l’impression que j’ai eu en les photographiant. Des cités fleurs qui venaient juste d’arriver là. Il paraît que Villetaneuse, c’est autant l’université que la ville, presque moitié-moitié comme occupants. Je n’ai pas encore été du côté de l’université Paris 13, je voulais aller à la rencontre des habitants et je suis content d’en avoir trouvé quelques-uns et d’avoir eu des échanges avec eux. La photo, c’était simple, parce que j’avais juste envie d’aller vers eux et j’espère que cela se sent.
En sortant, je croise Yacouba sur son vélo qui me dit de le suivre jusque dans "la cité secrète". Il me guide auprès des siens, des jeunes femmes et des jeunes hommes. Certains s'échangent des regards, d'autres des sms... Je m'approche du parking-salon où les amis de Yacouba discutent. Je suis présenté par mon guide. Curiosité dans les yeux. Je m'installe confortablement et je raconte le projet. Une ambiance amicale s'installe. C'est l'été! Bon, prêt à photographier, je leur promets, sûr de ma blague, de ne pas masquer leurs visages. Ils rient : j'ai oublié d'enlever le cache de l’objectif. Ambiance cinéma, je deviens directeur-photo, ils deviennent acteurs scorcesiens. La magie est de retour. Clap de fin. Non. En bonus, les jeunes femmes tarantiniennes qui m’ont accueilli tout à l’heure avec des noms d’oiseaux, posent aussi pour la postérité.
être aller souvent dans l’est de la France. Je suis donc aller flâner dans ce quartier des deux gares que je connais bien en essayant de montrer toute sa diversité et sa beauté
Mon voyage dans le quartier de Blanche et de Pigalle a été une révélation. Je n’avais jamais pris le temps de m’y arrêter réellement. Je me suis posée au bord de la bouche d’aération qui fait face au Moulin Rouge et j’ai attendu. J’ai observé les gens, les touristes qui prenaient des photos et les amoureux qui s’embrassaient devant le Moulin Rouge. La scène aurait pu être un cliché si elle n’avait pas été aussi vivante.
Eriola s’est baladé au cimetière du Père Lachaise à Paris, Sabrina est partie à la recherche des pépites d’Aubervilliers, Alexandra a découvert le quartier de Stalingrad, tandis que Djamel n’imaginait pas Drancy sous cet angle...
Au total, vingt jeunes (dix de la Seine-Saint-Denis, dix de Paris) ont participé à un projet mené conjointement par « une fille d’Auber », Aurélie Cardin, directrice du festival Cinébanlieue, et une amie, Julia Cordonnier, photographe et réalisatrice.
Diverses Cités est une production d’une société locale, Backstreet Productions, qui a fait bûcher ce groupe de jeunes pendant plusieurs mois, boîtier à la main.
Julia les a initiés à bien maîtriser leur appareil et à en tirer le meilleur, Aurélie les a éclairés sur l’histoire de Paris, ses banlieues et leurs rapports au fil des ans…
Au terme de ce long travail d’accompagnement minutieux et pointilleux, le résultat est probant. Surmontant leurs préjugés, chacun des jeunes a pu ainsi se constituer un album fourni, visible en ligne, livrant ainsi son butin, vu et capté à travers l’objectif.
Pressentiment ou hasard, ces jeunes regards viennent compléter une série d’initiatives locales : visite du maire de Neuilly, célébration de la réconciliation historique des catholiques et des protestants, parrainage d’enfants sans papiers, participation d’élus de plusieurs conseils locaux de jeunes (Paris, Clichy-Sous-Bois, Aubervilliers) à un documentaire sur la banlieue et destiné à la chaîne parlementaire…
Un bel ensemble qui pousse à faire tomber barrières, craintes et préjugés entre les humains qui passent, souvent, par les mêmes bonheurs et les mêmes douleurs, qu’importe qu’ils vivent de ce côté-ci, au-delà des frontières ou simplement de l’autre côté du périphérique.
Afin d’immortaliser ce travail, Julia Cordonnier a, à son tour, saisi les jeunes dans son objectif et en a sorti vingt beaux portraits à découvrir en même temps que les albums photos qui seront diffusés en boucle tout au long de l’exposition soutenue et parrainée, entre autres, par la municipalité. Impressionné par ce qu’il a vu, François Bégaudeau a préfacé l’exposition Diverses Cités à laquelle il invite toutes celles et ceux qu’il croise…
Maria Domingues
Le 4 février 2009
Confluences,la Maison des Arts Urbains,190 boulevard de Charonne 75020 Paris.M° Alexandre Dumas.Renseignements 01 40 24 16 46
A Confluences, chaque soir vous pourrez découvrir l'intégralité des images de nos jeunes photographes sur grand écran en avant-programme de chacune des séances du festival Cinébanlieue.Découvrez le programme du festival Cinébanlieue en cliquant ici
Confluences
190 bvd de Charonne
75020 Paris
rens/resa : 01 40 24 16 46
Confluences, Paris XXème.
l'université Paris 13, campus de Villetaneuse.
Quelle vision a un parisien de la banlieue? Quelle vision a un habitant de la banlieue de la capitale? Comment ne pas tomber dans le cliché d'un côté comme de l'autre? Qu'est-ce qui peut séduire là et qu'on oublie de montrer? Qu'est-ce qui dérange ici et qu'on ne donne pas à voir? Où s'arrête Paris et où commence la banlieue?A l'heure des grands débats sur l'avenir de l'agglomération parisienne, de jeunes franciliens font bouger leur regard et le nôtre sur ces territoires. Un projet initié par Aurélie Cardin, directrice du festival CinéBanlieue et Julia Cordonnier, réalisatrice et photographe.